Essai tracteur standard Fendt 620 Vario : Petit gabarit pour gros travaux
Les moteurs à quatre cylindres sont souvent associés à des tracteurs compacts de petit ou moyen gabarit. Fendt casse les codes avec sa série 600 Vario. Ces tracteurs, dotés d’un quatre-cylindres turbocompressé Agco Power de 5 L de cylindrée, offrent jusqu’à 224 ch de puissance maximale et se destinent aux travaux lourds. Durant trois jours, j’ai testé les aptitudes d'un 620 Vario, le plus gros modèle de la gamme, sur la ferme familiale, dans la Haute-Saône. Au programme : labour d’hiver et livraison de paille !
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Dans mon esprit, travail du sol rime avec tracteur équipé d’un moteur à six cylindres. Alors, quand nous décidons de mettre à l’épreuve, au labour d’hiver, le dernier-né de l’usine Fendt de Marktoberdorf (Allemagne), le 620 Vario animé par un quatre-cylindres, cela m’intrigue et je suis impatient d’en découdre ! Pour réaliser notre essai, j’ai profité d’une parcelle de 12 ha sur la ferme familiale, avec un précédent en maïs grain, en vue de l’implantation d’un soja au printemps. Pour atteler la charrue de cinq corps mise à disposition par Kuhn, je n’éprouve aucune difficulté à affecter les distributeurs de chaque fonction à ma guise. Une fois l'outil réglé, il ne me reste plus qu’à enchaîner les hectares pour apprécier les performances de ce tracteur de plus de 200 ch. Oui, vous avez bien lu : le quatre-cylindres de notre tracteur d'essai développe plus de 200 ch de puissance !
Je grimpe les quatre marches menant à la cabine et prends place dans l’environnement FendtOne. Ayant déjà conduit des Fendt des séries 700 et 1000 One, je m’y retrouve rapidement. Et, même sans cela, je serais de toute façon aiguillé par le code couleur des commandes. Tous les boutons et toutes les touches sont pourvus de pictogrammes très compréhensibles. Je commence par dégonfler les pneus à 0,9 bar grâce au télégonflage VarioGrip de la marque, 100 % intégré et pilotable depuis le terminal. Ces pneus sont dimensionnés en 600/65 R28 à l’avant et en 650/75 R38 à l’arrière. Comme pour ses grands frères des séries 1000, 900 et 700 Vario, le 600 Vario bénéficie de la dernière génération de transmission à variation continue VarioDrive. Celle-ci entraîne en permanence et selon les besoins les quatre roues du tracteur. J’active alors le blocage de différentiel en mode automatique et attaque les premières longueurs de 450 m. Je règle aisément mes butées hydrauliques ainsi que la vitesse de descente du relevage, le tout depuis le terminal. J’en profite pour paramétrer une temporisation pour le retournement de la charrue, me permettant de ne pas avoir à maintenir mon doigt sur le bouton du joystick attitré à la fonction.
Un moteur coupleux
Sur le papier, le Fendt 620 Vario développe 224 ch de puissance maximale pour 950 Nm de couple, des caractéristiques qu'affichent habituellement les moteurs à six cylindres de plus de 6 L de cylindrée. Notre modèle d'essai, reposant sur un empattement de 2 720 mm, se montre pourtant à l’aise avec la charrue Kuhn de cinq corps réglée en 16 pouces. Le quatre-cylindres semble faire ses preuves. Réalisant un labour de type dressé d’une petite vingtaine de centimètres de profondeur dans du limon battant, ce tracteur configuré à de près de 10 000 kg sur la bascule de la ferme opère à 7 km/h, entre 1 200 et 1 400 tr/min. Le constructeur commercialise en effet cette gamme en soulignant l'atout de son moteur, dit « lent », à l’image de la série 700 Vario Gen7. Quant à la consommation, elle oscille en instantané autour de 20 L/h. Lors des passages de ronds d’argile, le superviseur de régime automatique de la transmission VarioDrive fait son travail, le moteur allant chercher les 1 600 à 1 700 tr/min dont il a besoin pour passer ces zones plus difficiles. Le taux de patinage, pour sa part, varie à l'écran entre 5 et 10 % dans le limon et peut avoisiner les 20 % dans l’argile. Certains d'entre vous pourraient alors se demander ce que ça donne en conditions plus difficiles. Pour vérifier cela, j’ai effectué quelques allers-retours dans la parcelle d'un voisin, derrière une culture de betteraves. Encore une fois : essai concluant ! À 9-10 km/h pour un labour projeté, sur du fumier et un sol compacté, le Fendt traînait la charrue sans mal au régime moyen de 1 300 tr/min. Surpris, mon voisin m’a confié que ce tracteur « faisait mieux que son gros six-cylindres ».
Attention au poids à l’arrière
Lors des demi-tours, je constate rapidement que l’avant du 620 Vario se révèle relativement léger pour la charrue. Cette dernière, pesant environ 1 900 kg avec un porte-à-faux important, s’avère lourde pour ce modèle. La masse frontale de 1 250 kg dont se dote mon tracteur d'essai se montre « inutile » dans les longueurs, mais un peu juste en bout de champ. En effet, si le Fendt ne manque aucunement d’adhérence au labour, lors des demi-tours, le porte-à-faux de la charrue se fait sentir ! Il convient donc de manœuvrer doucement dans les fourrières pour ne pas perdre l’adhérence à l’avant. Afin d'évoluer sans encombre, je règle la réactivité du joystick sur 2 à l’aide de l’index, via la palette, pour un inversement du sens de marche en douceur. En effet, une manœuvre trop brusque ferait décoller les roues avant.
Un quatre-cylindres de gros gabarit
Les hectares défilant, force est de constater que le moteur à quatre cylindres de cette série 600 Vario ne rime pas avec petit tracteur. En effet, si le poids en ordre de marche annoncé pour le 620 Vario est d’un peu moins de 8 t, celui de notre modèle d'essai, lesté de 1 250 kg à l'avant et de 300 kg dans chaque roue arrière, s'élève à près de 10 t. Avec un rapport poids/puissance de 43 kg/ch, l’adhérence est donc au rendez-vous. Je ne ressens aucune différence à bord de ce tracteur, comparé à mes vieux John Deere des séries 7000 et 7010, pourtant dotés de moteurs à six cylindres. Attention cependant dans les fourrières ! Deux des quatre côtés de la parcelle jouxtant un bois, je ne peux pas m’approcher suffisamment pour travailler les bordures. Le gabarit du tracteur étant conséquent, avec ses larges ailes et ses feux, rétroviseurs et gyrophares encombrants, les branches auraient endommagé l’extérieur.
On y voit comme en plein jour !
Qui dit labour d’hiver en ce milieu de mois de janvier, dit travail pendant des journées courtes. Après 17 heures, le crépuscule gagne le chantier et me permet alors d’apprécier l’éclairage complet du tracteur. Les phares à Led, réglables et positionnés tout autour de la cabine, offrent un faisceau long et puissant. Je vois comme en plein jour, à 360 degrés et à plusieurs dizaines de mètres. La sélection des feux que je souhaite allumer s'opère depuis un bouton présent à gauche du volant et via le menu à l'écran, repérable grâce au traditionnel logo de l’éclairage. Et en cabine, c’est à la carte ! Vous pouvez choisir un éclairage rouge tamisé, une lumière plus intense éclairant tout l’intérieur ou ne rien allumer.
À l’aise sur la route
Après avoir profité des créneaux de dégel pour labourer, c’est une mission routière qui attend notre Fendt 620 Vario. Des balles de paille doivent être livrées dans le Doubs, à la SARL Colin Frères basée à une vingtaine de kilomètres. Au total, 42 bottes rondes de paille de blé seront transportées sur un plateau de 11 m. Une fois la pression des pneus faite et le plateau chargé, je l’attelle au tracteur au niveau du piton. Je connecte le freinage à simple ligne hydraulique ainsi que les feux, puis je monte en cabine. Je m'élance alors sur la route, direction le Doubs ! La masse décrochée, le rapport poids/puissance du Fendt tombe à 37 kg/ch. Je ne me faisais aucun souci sur ses capacités à tracter la remorque, même dans les côtes, mais cela se confirme. Les 11 t de chargement sont une bagatelle pour notre tracteur allemand qui les gravit à plus de 30 km/h. Le confort de conduite se montre, lui aussi, à la hauteur de mes attentes. La cabine VisioPlus offre une vue lointaine et imprenable sur la route, tandis que les cinq montants dégagent la visibilité sur les côtés, ce qui est appréciable notamment pour les priorités à droite. Les rétroviseurs me permettent de surveiller correctement les côtés du plateau, malgré les bottes. Niveau confort, le pont avant et la cabine suspendus assouplissent les passages de nids-de-poule et de dos-d’âne. Enfin, la transmission, réglée sur la réactivité 4 grâce au bouton situé à l’arrière du joystick, se montre très efficace sur la route, rendant le tracteur nerveux aussi bien à l’accélération qu’au freinage.
Jusqu’alors habitué aux gros moteurs à six cylindres des tracteurs du début des années 2000, je dois reconnaître que le Fendt 620 Vario, avec son quatre-cylindres et ses 200 ch, m’a convaincu. Je n’ai certes pas réalisé une multitude de travaux à son volant, mais le labour m’a donné une bonne idée de ses aptitudes au champ. Son moteur est coupleux, et les chevaux sont au rendez-vous. Les déplacements routiers, ensuite, se font dans un grand confort. Enfin, son empattement relativement court le rend maniable, qualité recherchée pour des chantiers tels que la protection des cultures ou la fenaison.
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